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La mémoire de 1870

Les monuments commémoratifs de la guerre de 1870
Le cas de la Haute-Vienne

 

Pascal Plas,

Directeur de l’Institut international

de la recherche sur la conflictualité.

 

La guerre de 1870 1871 oppose durant six mois la Confédération allemande à la France. C’est là le résultat d’une sourde hostilité à l’égard de la France depuis l’épopée napoléonienne, même si les relations entre les deux états ne se dégradent que tardivement à la fin du Second empire. En effet jusqu’en 1866, Napoléon III ne se montre pas hostile à l’unité allemande que souhaite ardemment la Prusse sous la conduite du roi Guillaume Ier et du chancelier Bismarck. Au lendemain de l’entrevue de Biarritz en octobre 1865, il ne s’oppose pas à la guerre entre la Prusse et l’Autriche jusqu’à ce que la première écrase la seconde à Sadowa en 1866. C’est la volonté impériale française de tirer parti de cette forme de neutralité à laquelle s’ajoute côté allemand le souhait d’une guerre pour renforcer l’unité qui précipite les évènements et conduit à la guerre le 19 juillet 1870[1]. Côté français, Napoléon III, soutenu par une opinion publique enflammée, qui souhaite reconquérir par la guerre une partie de son prestige, adresse une proclamation au peuple français le 23 juillet puis prend le commandement de l’armée le 28 à Metz. Il pronostique « une simple promenade militaire de Paris à Berlin puisque comme l’affirme le général Lebœuf « l’armée prussienne n’existe pas [2]».

Le conflit fut un terrible démenti à cet optimisme. Trois armées allemandes d’un effectif d’environ 510 000 hommes, placés sous le commandement général de Von Moltke, entrent en Alsace et Lorraine par le Palatinat. Dès la mi-août, après les défaites de Forbach et de Frœschwiller, les troupes françaises, très inférieures en hommes et commandées par un empereur vieillissant et malade, ont perdu la bataille des frontières. Alors que Strasbourg est menacée, Nancy investie, Napoléon abandonne le commandement de l’armée au maréchal Bazaine et se replie avec Mac Mahon à Chalon afin de protéger Paris. Bazaine livre plusieurs batailles dans la deuxième quinzaine d’août avant d’être contrait de s’enferme dans Metz ; c’est en tentant de le débloquer que Napoléon et son armée furent rejetés sur Sedan où ils capitulèrent le 2 septembre 1870. Cet ultime revers provoque la chute de l’Empire et la proclamation de la République le 4 septembre 1870. Le gouvernement de Défense nationale, présidé par le général Trochu, tente de repousser l’invasion. Paris est assiégé à partir du 19 septembre 1870, Bazaine, dans Metz encerclée, capitule le 27 octobre. Une armée de la Loire est malgré tout formée ; elle s’illustre dans d’importantes batailles mais ne parvient pas à débloquer Paris où les assiégés livrent sans succès des combats désespérés. Plusieurs armées de la Défense nationale sont alors formées mais elles ne peuvent renverser la situation ; l’armée de la Loire est battue au Mans le 10 janvier 1871 ; dans l’Est, l’armée Bourbaki doit se réfugier en Suisse, Paris se rend le 28 janvier 1871. La France a perdu la guerre, un armistice est conclu puis le 26 février 1871 une Convention de paix est signée. Le 1er mars les Allemands rentrent dans Paris par l’ouest en descendant les Champs Elysées.

La défaite se couvre du linceul de 138 000 morts pour lesquels la France érige des monuments, construit des sépultures, commémore avec ferveur leur sacrifice comme le font des dizaines d’associations de communes, d’écoles, d’églises en apposant des plaques, des ex-voto, toute une signalétique du souvenir, bien oubliée aujourd’hui.

Sépultures et monuments sont aujourd’hui largement recensés mais il reste à écrire l’histoire de leur mise en place et des premières cérémonies qui s’y déroulèrent. Il y eut en effet mois d’unité qu’on ne le dit et le retour à la micro histoire se révèle payant dès que l’on prend le temps de reconstituer les dossiers. C’est ce que propose cette communication, à l’échelle d’un département, la Haute-Vienne dans lequel furent recrutées plusieurs unités de mobiles.

Limoges possède un monument aux Mobiles à proximité d’une place importante du centre-ville (Place Jourdan), monument à la fois familier et méconnu : situé à un carrefour fréquenté qui mène à la gare, il est extrêmes visible en raison de sa taille et pourtant peu vu et ne constitue en rien un lieu de mémoire dans le sens défini par Pierre Nora. Il n’en reste pas moins qu’il constitue un des principaux monuments érigés dans un département d’origine de régiments et de francs-tireurs qui se portèrent au front.  Cette statuaire de l’hommage, du souvenir et de la revanche telle qu’elle fut présentée par la suite,  eut les plus grandes difficultés à émerger à l’issu du conflit. Elle n’en constitue pas moins un monument remarquable et, par son ampleur assez rare. En effet,  les opérations d’érection de grands monuments dans les départements d’origine des soldats sont relativement peu nombreuses. Là le souvenir se perpétua plutôt par des plaques souvent modestes, des inscriptions et quelques tombes dans les cimetières, l’ensemble étant aujourd’hui difficilement discernable dans le paysage mémoriel. La Haute-Vienne est le seul des départements du Limousin et un des rares du Massif central qui honora les combattants par deux monuments, l’un important  à Limoges, l’autre plus modeste sur le champ de bataille.

 

 

  1. Les Mobiles

Plusieurs des unités qui se retrouvèrent au front étaient stationnées en Limousin avant le déclenchement des hostilités. Le 2e régiment d’infanterie de Ligne qui rejoignit le 2e Corps d’armée du Rhin était encaserné à Brive, le 8e régiment d’infanterie de Ligne qui prit la même direction tenait garnison à Guéret, le 10e de Ligne, les Dragons (10e régiment) et le 2e Zouave faisaient partie de la vie militaire des villes limousines. Des engagés au 10e  de Ligne s’enrôlèrent le 13 août et partirent pour Paris le 19,  date à  laquelle  ils furent versés au 15e de Marche.

Cependant, localement la guerre fut surtout vécue à travers deux catégories de soldats dont le recrutement était exclusivement local : les Mobiles et les Corps francs.

Partout en France, les engagements, en plus des incorporations, furent nombreux. En Haute-Vienne, « Limoges, quoique placée loin des bruits de la guerre… [eut]… sa fièvre de patriotisme. Les jeunes gens demand[ai]ent qu’on leur apprenne sur le champ le maniement des armes, les volontaires se présent[ai]ent en grand nombre »… à tel point que le 12 août « ils étaient près de 1 900 et cet élan se poursuivit par la suite[3] ».

En fait le chiffre fourni par les autorités militaires est de 1 650 hommes, se répartissant de la manière suivante : 1588 dans l’armée de terre – 1270 dans l’infanterie, 171 dans la cavalerie, 59 dans l’artillerie, 64 ans le génie, 24 ans le train ; 62 dans la marine[4]. Ces appels touchèrent, autant qu’on peut le déterminer, toutes les classes sociales et nombre d’anciens officiers et de soldats issus de tous les milieux rempilèrent. Il y avait beaucoup de jeunes parmi les engagés – le petit fils du général Dalesme, figure symbolique de 1793 alors qu’il était commandant du 2e bataillon des Volontaires de la Haute-Vienne, n’avait que 17 ans – mais aussi des vieillards comme un certain Etienne, âge de 77 ans, ou bien un tambour au nom inconnu qui avait 71 ans. Tous furent acceptés avec enthousiasme… Les commissions firent preuve ainsi de beaucoup de laxisme dans le recrutement, ce que plusieurs commandants de compagnies regrettèrent par la suite, tant il y eut de victimes quotidiennes à l’issue des efforts qu’il fallut fournir lors des simples déplacements de la troupe (en dehors des périodes de combat) et des privations diverses endurées sur le front.

L’organisation des bataillons et leur équipement ne se firent pas sans mal. Il fut beaucoup plus difficile d’habiller, d’armer et d’entraîner les hommes que de les enrôler. En Haute-Vienne, les mobiles manquaient de tout et n’avaient, selon leur commandant, qui des sabots aux pieds, au mieux des souliers éculés et tous des vêtements usés. Les Mobiles étaient en outre assez mal armés. Quand le premier bataillon de la Haute-Vienne quitta Bellac, les hommes n’avaient que des fusils à baguettes et aucun autre ustensile de campagne. Lors du regroupement à Limoges, il avait pourtant été prévu de leur fournir une vareuse à droguet, un pantalon et un képi, une chemise et des souliers, une bretelle de fusil, un fourreau de baïonnette, un ceinturon, une musette en toile mais, en fait, très peu d’hommes purent ainsi être équipés de manière complète. Ils n’avaient subi qu’un court entrainement, quelquefois dans des conditions difficiles et ils avaient eu le plus grand mal à se faire à une discipline stricte[5].

Les Francs-tireurs de la Haute-Vienne furent autorisés par un arrêté préfectoral du 27 septembre. Le journal Le Courrier du Centre relaya une campagne d’appel à candidatures. Les volontaires étaient invités à aller s’inscrire au domicile d’un certains Soudanas à Limoges qu’on finit par appeler, assez rapidement, le « capitaine Soudanas ». La personnalité de ce voyageur de commerce, animé par un sincère sursaut patriotique, reste mal connue, mais son enthousiasme attira de nombreux  hommes ; 96 au total furent retenus pour constituer la « Compagnie Soudanas », après qu’ils aient été triés sur le volet par les commissariats de police de quartier, qui établissaient ou non un certificat de bonne vie et mœurs à chacun des postulants.

Quarante hommes étaient originaires de Limoges. La moyenne d’âge était de vingt ans. Les jeunes francs-tireurs étaient issus de tous les milieux. Auguste Soudanas avait convaincu plusieurs de ses collègues voyageurs de commerce, mais il recruta aussi, largement, dans les milieux du commerce et de la porcelaine. Le lieutenant de la compagnie, Clément Bac, était un voyageur de commerce. Les sous-lieutenants étaient des commerçants. La compagnie fut remise à l’autorité militaire le 6 novembre 1870.

Les Mobiles des trois départements ne participèrent pas au combat sur les mêmes lieux mais ils connurent globalement la même guerre. D’une manière générale, ils furent souvent mal utilisés, en particulier au début du conflit et ils furent déplacés de nombreuses fois avant qu’on leur trouve une place. Certains furent littéralement « oubliés » dans des casernements alors qu’ils eurent pu être utiles ailleurs. On ne peut détailler ici les opérations militaires dans lesquels ils furent impliqués, il est utile de rappeler toutefois que, dans la construction de la mémoire des combats, émergent des « batailles terribles » et des faits d’armes héroïques, la bataille du Mans, la bataille de Loigny et la capture du colonel Pinelli, etc. Ces hauts faits étaient rappelés lors des cérémonies commémoratives et donnèrent lieu aussi à des représentations comme La blessure du Colonel Feugeas [à la bataille du Mans], une belle huile sur toile de Denis Valverant, présentée aujourd’hui au musée de Tulle ou comme Combat de la plâtrière, huile sur toile du même évoquant la bataille de Champigny sur Marne[6]. Il y eut de très nombreux blessés dans les rangs des Mobiles ainsi que des morts qui sont difficiles à chiffrer. Quoi qu’il en soit des chiffres, il fut décidé de rendre hommage au sacrifice de ces victimes  et de rappeler aux générations futures le sens de leur mort en érigeant des monuments du souvenir, les chefs des Mobiles de la Haute-Vienne avaient en effet été frappés, lors de leur retour à Limoges, par l’indifférence des populations voire par certaines remarques et propos méprisants à leur égard[7]… Dans ces conditions, la mise en œuvre d’une statuaire commémorative ne fut pas chose simple. Elle prit plusieurs formes dans la capitale régionales mais se concrétisa surtout par uns statuaire de très grande ampleur

 

  1. Le monument aux Mobiles de Limoges

Le Monument des Enfants de la Haute-Vienne fut édifié à Limoges en souvenir de tous les soldats du département tués pendant la guerre de 1870-1871. Il résulta de l’organisation, au début des années 1890, d’un Comité du monument à élever à la mémoire des enfants de la Haute-Vienne morts pour la défense de la patrie. Le président, le commandant Leyssenne, chef d’escadron à la retraite, en accord avec une commission exécutive – qui comprenait le comte de Couronnel, ancien attaché d’ambassade, Lucien Dumas, manufacturier, conseiller général, maire de Saint-Junien, Charles Lacaux, négociant, vice consul d’Espagne, maitre Nicard des Rieux, avocat à la Cour d’appel de Limoges et le docteur Raymond, chirurgien à l’hôpital – lança, en avril 1892, une souscription pour l’érection d’un monument.

Cette souscription eut un succès modéré. La récupération des fonds fut un long calvaire, objet de tensions entre les promoteurs du projet, les collectivités locales et l’état. Le conseil général de la Haute-Vienne souscrivit immédiatement pour 5 000 francs (le 28 avril), le ministère de l’Intérieur donna 300 francs ; ces sommes devaient amorcer la souscription mais, en 1897, celle-ci n’avait, malgré tout, rapporté que 42 945 francs ce qui était loin de faire le compte puisqu’il fallait alors réunir 72 000 francs. Le ministère de l’Instruction publique et des Beaux-arts s’engagea, en juillet 1897,  à financer 10% du tout si le comité chargé de l’érection du monument trouvait les 25 000 francs manquants. En tenant pour acquis les fonds résultants d’une simple promesse du ministère, une nouvelle souscription fut ouverte et le conseil général de la Haute-Vienne promit, à son tour, une seconde subvention. Ces fonds ne furent qu’à peine suffisants lorsque le sculpteur Thabart termina son travail le 15 janvier 1899.

Il est vrai que le monument était ambitieux. Sur un socle quadrangulaire s’élevait une pyramide, couronnées de grenades, qui portait le nom des morts soit 408 soldats et 120 Mobiles, ce qui n’était pas le chiffre exact des victimes mais celui issu « des recherches des enquêteurs ». La partie antérieure du monument présentait à l’observateur un groupe en bronze de grande taille. Le Limousin était personnifié par une jeune paysanne en sabots, arborant la coiffe traditionnelle, qui tenait un drapeau et montrait l’ennemi. A sa droite,  un officier d’infanterie, le colonel Ardent du Pic, donnait le signal de charge et un franc-tireur s’apprêtait à épauler son fusil. A sa gauche, un clairon de mobile tombait, expirant, tandis qu’un fantassin, impassible, debout, manœuvrait son arme.

Ce qui fut unanimement apprécié ce fut la « Limousine héroïque » qui était le motif principale du groupe et surtout ce barbichet qui ornait son front « bien que le bronze dut ensuite infliger une raideur trop métallique à ce qui est fine dentelle … [à tel point] … que certains pensaient qu’il s’agissait d’une alsacienne » écrivirent certains dans la presse locale. Mais cette incarnation de la fille du pays plut beaucoup à la presse nationale qui exalta le parti sculptural tiré de la coiffe locale.

L’espace qui accueillit le monument avait été fixé par la municipalité Chénieux le 16 juin 1893, après quelques débats. En fait, aucun emplacement ne fut pas réellement choisi en fonction de la place que l’on estimait être celui d’une statuaire de ce type, les élus éliminèrent, au fur et à mesure, différents lieux proposés, comme le jardin d’Orsay (vsate ensemble de verdure dans la ville haute, à proximité du tribunal ou le carrefour Tourny, entrée de la vielle ville, passage très fréquenté, en raison des aménagements qu’il eut fallu faire ou des embarras que cela eut occasionné. L’artiste fut donc contraint par le choix du lieu, à l’angle formé par l’avenue de la Gare et le cours Jourdan, le comité d’érection étant d’accord pour que le choix de l’emplacement ait une certaine influence sur  l’artiste.

Un certain nombre de chroniqueurs trouvèrent cependant dès le premier jour cet emplacement inadéquat et ils le firent savoir : « considérez le décor sur lequel [le monument] apparaît, cette encoignure biaise, entre une voie à peu près horizontale, bordée à droite et à gauche de maisons et une avenue en rampe assez rapide, placée elle-même en contre-haut des vastes terrains de la gare du chemin de fer se prête-t-elle à l’assiette d’un édicule quelconque ? Le monument de quelque point qu’on le regarde surgit dans de fâcheuses conditions, sans perspective équilibrée sans le cadre le faisant un peu valoir ; les reliefs de sa pyramide et ceux de ses figures de bronze se détachent mal sur le torchis blanc sale du pan coupé qui forme à quelques mètres en arrière la toile de fond du tableau »[8].

L’inauguration ne se fit pas sans heurts. Le Comité d’érection du monument se déchargea sur la municipalité de l’organisation des manifestations de dévoilement de la statuaire. Cela eut pour effet de politiser les cérémonies. Le maire radical-socialiste Emile Labussière invita en effet deux ministres socialistes à l’inauguration prévue le 20 aout 1899, Alexandre Millerand et Baudin, respectivement ministre du Commerce et des Travaux publics.  Les conservateurs accusèrent immédiatement la majorité du conseil municipal de vouloir « organiser une fête civile et socialiste pour inaugurer un monument élevé à la gloire du patriotisme de tous sans distinction d’opinion ni de parti ». Peu de temps avant, au mois de juillet, les radicaux avaient, eux, montré du doigt un cercle clérical soupçonné d’avoir organisé une conférence au profit du monument avec le concours d’un « député réactionnaire de Paris[9] »…

Du coup, l’inauguration fut repoussée au mois de septembre. Mais cela ne mit pas fin à la polémique qui épousa les césures politiques provoqués par l’affaire Dreyfus. La municipalité souhaitait une visite des ministres à la Bourse du travail mais surtout ne voulait pas de la présence de l’armée ; ce dernier point fit bondir les conservateurs qui virent là « tous les éléments d’une manifestation dreyfusard ». Le comité était dépassé par l’ampleur de la querelle d’autant qu’il fut assez rapidement accusé « de s’être bassement défaussé… [de ses responsabilités] … simplement pour économiser les frais de cérémonie »…

Finalement l’inauguration eut lieu le dimanche 1er octobre 1899 et elle se déroula plutôt bien eu égard à l’ampleur des polémiques. Alexandre Millerand vint seul à Limoges pour représenter le gouvernement ; il descendit à la préfecture, se rendit dans la matinée au concours de la race bovine où il distribua des récompenses, visita l’hôpital, une crèche municipale et l’Ecole pratique de commerce. L’après-midi, il inaugura le monument ; à cette occasion, une des rues donnant accès à la place du maréchal Jourdan fut rebaptisée : rue du 71e Mobile. La soirée fut consacrée à une distribution, à la Bourse du travail, de médailles d’honneur aux vieux ouvriers, cantonniers et facteurs. Le conseil municipal organisa  un dîner restreint à l’Hôtel de la Paix puis un  lunch populaire, beaucoup plus ouvert à l’hôtel de ville.

La partie politique  de la journée ministérielle suscita force polémiques[10] mais, à l’inverse, la cérémonie d’inauguration fit l’unanimité. Elle se déroula donc dans le plus grand calme et de façon conviviale. « Le ministre Millerand, le commandant Leyssenne, le général de Brye, le comte de Couronnel, E. Labussière, et le sénateur Le Play … [exaltèrent] … les vertus patriotiques des Limousins, leur héroïsme en 70 ; … sur la terre limousine le patriote le plus éclairé est chez lui, nous couvririons toutes les plaques de marbre du Panthéon au nom de nos généraux qui à toutes les époques de notre histoire nationale … depuis les Noailles, les Turenne … jusqu’aux Brugère, Muzac, Martinie[11] ».

Des couronnes, ornées de rubans tricolores, furent déposées au pied du monument. Certaines avaient été exposées, quelques jours avant,  chez  des fleuristes  et des commerçants du centre-ville. Elles portaient les inscriptions suivantes : Survivants du 71e Mobile à leurs camarades morts en 70-71 ; Aux enfants de la Haute-Vienne ports pour la patrie (offerte par La Patriote limousine) ; Société amicale des anciens Mobiles de la Haute-Vienne ; Les anciens Mobiles de la Haute-Vienne.

 

4- Le monument des anciens élèves du lycée

Un monument consacré par l’Association des anciens élèves du lycée de Limoges à la mémoire de leurs camarades morts pour la patrie dans la guerre de 1870-1871 fut inauguré solennellement le 21 juin 1877 dans le vestibule du lycée.

« Ce n’est pas un monument funèbre fait pour attrister et abatte le cœur, c’est un hommage destinée à glorifier leurs noms et à perpétuer leur exemple selon la formule de Simonide à propos des morts des Thermopyles ils ont pour tombe un autel, on ne les pleure pas, on rappelle leur gloire, on ne gémit pas sur eux on les loue »[12]. C’était une œuvre du Gardien et Cherprenet, réalisée à partir des dessins d’Alfred Charles, directeur de l’école municipale de Beaux-Arts de Limoges. Il s’agissait d’une vaste plaque de marbre noir où étaient gravés en lettres d’or le nom des anciens élèves morts pour la patrie, encastrée dans un motif architecturel en pierre blanche qui comprenant des deux côtés deux cartouches d’où pendaient deux couronnes en reliefs, l’une de chêne, l’autre de lauriers, destinées à mettre en parallèle les études paisibles au lycée et la mort violente sur le champ de bataille. Les cartouches comportaient deux inscriptions gravées, un vers d’Horace : Dulce et decorum est pro patria mori et une phrase extraite des Macchabées : Melius est nos mori in bello quam videre mala gentis nostrae, (il vaut mieux mourir pour le combat que de voir l’ennemi envahir la patrie).

La cérémonie d’inauguration fut émouvante. Elle commença à huit heures par une messe dite par l’abbé Rousier, ancien aumônier du lycée, qui avait connu presque tous les défunts. « La chapelle était jusqu’à la moitié de la hauteur des murs entièrement tapissée de tentures noires relevées de palmes et d’étoiles d’argent et ornées d’écussons qui portaient les dates néfastes avec les noms glorieux des victimes. Au fond du chœur on apercevait une immense croix blanche sur une draperie noire, au centre de l’église un catafalque richement décoré, couvert de couronnes de feuillage surmonté du drapeau national et entouré de lampadaires et de flambeaux… Des trophées d’armes et d’étendards donnaient à cet appareil lugubre un caractère martial… La foule des élèves anciens et nouveaux remplissait la nef ; les familles des héros de cette triste fête occupaient les deux côtés du chœur… » [13].

Le monument ordonna par la suite les plaques du souvenir qui furent apposées aux lendemains des guerres du XXe siècle et c’est un des rares cas où la monumentalité de 1870-1871 est prépondérante.

 

Cromac.

En dehors de la ville se trouvent ici et là des plaques et de petits monuments au sein des cimetières, qu’il faudrait recenser avec soin. Les premières sont assez nombreuses surtout si l’on considère les dénominations de rues. Les plaques commémoratives proprement dites sont plus circonscrites. Elles sont souvent très simples sur le modèle de celles qui furent déposées dans les cimetières. De modestes monuments du souvenir des morts de la guerre de 1870 furent érigés au sein des cimetières dès la fin du XIXe siècle. Le cas de figure le plus fréquent fut celui de la tombe ou du monument avec colonne brisée ; on trouve cependant exceptionnellement des formes de  monumentalité  plus originales  comme ces appositions de plaques portant le nom de soldat de la guerre de 1870 sur des lanternes des morts (Oradour-Saint-Genest en Haute-Vienne) ou de grandes toiles peintes à l’intérieur des églises (Cromac, Haute-Vienne, représentation du transport d’un aumônier en soutane par un officier et un soldat sur un champs de bataille de la guerre de 1870 représenté par un fond très lumineux symbolisant l’embrasement). D’une manière générale, la petite monumentalité des cimetières est celle qui a le plus souffert des ravages du temps mais elle n’est pas la seule dont la lisibilité soit aujourd’hui très atténuée. En fait il faudrait faire le tour de toutes les communes avec beaucoup de soin pour être sûr de ne pas laisser de côté des traces de 1870.

 

5- Le monument de Lumeau

De très nombreux soldats périrent autour de Neuvilliers, de Lumeau et d’Ecuillon. Parmi eux se trouvaient des Mobiles de la Haute-Vienne. Dans un premier temps, les Hauts-Viennois rendirent un hommage aux habitants de Lumeau qui avaient recueilli leurs blessés ; ils donnèrent à l’église du bourg un ciboire en vermeil et remirent au curé, l’abbé Morice, qui avait encouragé les habitants à dispenser aux blessés les meilleurs traitements possibles, une médaille, également en vermeil, gravée  son nom. Cependant cela ne rappelait pas le souvenir des morts, ils décidèrent alors de l’érection d’un monument.

Le Monument commémoratif des Mobiles de la Haute-Vienne tués à la bataille de Loigny le 2 décembre 1871 fut érigé dans la plaine de Beauce, au milieu d’une région uniformément plate, dépourvue d’arbres et de haies, à 800 mètres environ du bourg de Lumeau (canton d’Orgères, Eure-et-Loir) sur le bord de la route qui reliait cette commune à Neuvillers. La parcelle de terrain qui fut nécessaire pour l’implantation de cet ouvrage fut donnée au département de la Haute-Vienne par veuve de Gauvignon de Baronnière, le 8 juin 1873. Elle confirmait une donation voulue par son mari lui-même touché par la guerre. Le monument devait se situer à proximité du champ de bataille mais il y avait à cet emplacement un tertre qui constituait le seul point un peu élevé de la plaine.

Il ne reste aucune trace du projet de l’ouvrage qui fut construit. On peut cependant, sans grand risque d’erreur, en attribuer la paternité à un architecte de Limoges, A. Linard, architecte départemental et membre de la commission qui visita le champ de bataille de Lumeau pour rechercher un emplacement favorable sous la direction de son président, le commandant du 71e Mobile, Pinelli.

Le monument, dont la première pierre fut posée le 22 juin 1873, a été décrit avec précision au lendemain de son érection. « Il surmonte …. Un caveau aménagé en ossuaire, une dalle carrée munie d’un anneau en indique extérieurement l’accès. Il comporte une grande dalle carrée de 8,50 mètres de côté. Sur celui-ci, s’élève une colonne de forme pyramidale reposant par une base moulurée sur un socle carré de 2,50 mètres de côté. Le haut est d’environ 7 mètres. Des chaînes fixées aux quatre bornes entourent la colonne… Sur la face du socle bordant le chemin on lit l’inscription : « Le département de la Haute-Vienne garde un souvenir reconnaissant aux habitants de Neuvillers et de Lumeau qui ont recueilli ses blessés ». Cette inscription est gravée sur une plaque de marbre. La face postérieure porte, gravée en creux, l’inscription « Melius est nos nori in bello quam videre mala gentis nostrae (I. Machab 3, 59) ». La face antérieure, qui est la même que celle qui borde le chemin, porte « A la mémoire des Mobiles du 71e régiment tués à l’ennemi. Combats de Lumeau, 2 décembre 1870 »[14].

Une fois le monument inauguré, le 2 décembre 1873, il fallut se préoccuper des corps que l’on souhaitait déposer dans l’ossuaire. Le regroupement de ceux-ci fut un véritable calvaire. Les corps des Mobiles de la Haute-Vienne étaient enfermés dans neuf fosses qui contenaient aussi des Mobiles du Loir-et-Cher et de la Charente mais aussi des soldats de Ligne et des cadavres ennemis. Ces fosses renfermaient 316 français et 105 allemands.

L’exhumation soulevait d’abord un certain nombre de points de droit ; le paragraphe 2 de l’article 2 de la Loi du 4avril 1873 relative à la conservation des tombes militaires spécifiait que les exhumations ne pouvaient avoir lieu qu’après un délai de cinq ans à compter du jour de l’inhumation, ce qui renvoyait à la fin de 1875. En outre, le Conseil d’hygiène et de salubrité de Châteaudun s’était ému, le 9 septembre 1873, de ce que « le département d’Eure-et-Loir n’est pas très éloigné de Paris où le choléra épidémiques s’est déclaré depuis quelques jours … qu’il est nécessaire d’éloigner toutes les causes qui peuvent inquiéter, effrayer les populations, altérer le moral et les rendre plus aptes à contracter la maladie »[15].

La mise à jour des corps fut une dure épreuve lorsqu’elle put se dérouler, le 1er décembre 1875. L’opération dura de dix heures du matin à onze heures du soir au milieu de la neige qui ne cessa de tomber. Soixante-huit Mobiles furent finalement extraits du sol avec leurs armes et leur équipement.  Le transport des corps dans le caveau qui leur était destiné fut difficile et éprouvant pour ceux qui en furent chargés. L’architecte Linard signalait au début de l’année 1876 qu’il n’avait pu encore sceller « la pierre qui ferme le caveau parce que … à diverses reprises j’ai dû ramasser autour de la fosse beaucoup de petits os qui étaient restés cachés par la neige ».

Le 2 décembre enfin, jour anniversaire de la bataille de Loigny, une importante cérémonie funèbre se déroula à l’église de Lumeau. Le lieu saint avait été entièrement tendu de noir et décoré avec des écussons qui rappelaient les Mobiles de la Haute-Vienne, ceux  de la Carente, ceux du Loir-et-Cher ainsi que les 39e, 40e et 41e régiments de la Marche qui avaient pris part au combat. A la porte du cimetière, également tendue de noir, se trouvait un écusson portant l’inscription « Au victime du combat du 2 décembre 1870 ». Après la messe célébrée en présence d’une nombreuse assistance, une procession se rendit au cimetière de Lumeau où quelques-uns des Mobiles avaient été enterrés et où Linard déposa une couronne. La procession gagna ensuite le monument de Neuvillers, situé deux kilomètres plus loin. Le clergé, croix et bannières en tête, était suivi des enfants de l’école tenant une oriflamme à la main. Venaient ensuite les autorités de la commune et la compagne des sapeurs-pompiers en grande tenue, suivis par les habitants de Lumeau et aucun membre des familles de Mobiles …

Cette absence laissa un sentiment pénible aux habitants de Lumeau dont les représentants prononcèrent des discours émouvants et à qui l’architecte Linard ne put que balbutier quelques remerciements. « Nos pauvres Mobiles morts en défendant le pays ne méritaient pas une telle indifférence de la part de ceux qu’ils avaient aimés et qui auraient dû témoigner de leurs regrets en les accompagnant  jusqu’à leur dernière demeure », écrivait Paul Ducourtieux en 1876, mais ce furent les locaux qui comprirent le mieux la situation et qui promirent « de venir souvent répandre une larme de regret sur cette tombe et remplacer ainsi des familles trop éloignées pour accomplir ce pieux devoir ».

Si l’on excepte les habitants de Lumeau, le monument sombra vite dans un certain oubli. On ne se préoccupa des morts qu’à intervalles irréguliers. En 1900, par exemple, le 16 décembre, douze délégués d’un comité de la ville de Limoges, tous anciens combattants de la bataille de Lumeau vinrent, sous la conduite du Comte de Couronnel, leur président, apporter l’hommage d’un pieux souvenir aux Mobiles. Après avoir assisté à un service solennel à l’Eglise ils se rendirent, accompagnés des autorités religieuses et civiles et de la population toute entière, au monument où ils prononcèrent des discours patriotiques.  Mais peu à peu, le monument se dégrada et il fallut envisager d’en confier la surveillance à un gardien commissionné, maître maçon, qui devait aussi en assurer l’entretien. Pour cela, à partir de 1884, un abonnement annuel de cent francs fut pris avec le conseil général d’Eure-et-Loir. Malgré tout, le temps passant, le monument résistait mal aux assauts des éléments ; en 1930, les joints des dallages n’avaient plus de mortier, certaines pierres étaient disjointes ou fendues et de nombreuses parties de moulures avaient souffert du gel.

Au fond, beaucoup de familles des victimes éprouvèrent pendant longtemps un regret de l’absence de translation des restes de leurs disparus au chef-lieu du département de la Haute-Vienne parce qu’ils ne pouvaient aller prier sur leur tombe aussi souvent qu’ils l’auraient voulu. Il en était de même des familles dont les enfants étaient dans le cimetière de Lumeau ; elles avaient eu la « chance » de retrouver la dépouille mortelle de leur fils et de lui donner une sépulture particulière mais celle-ci était trop éloignée. L’oubli vint ici de l’impossibilité de l’hommage continu aux morts.

 

 

 

Jusqu’en 1918, les morts de la guerre de 1870 furent honorés de manière autonome. Les Sociétés de vétérans, dont les créations furent tardives, entretinrent la flamme du souvenir non sans se perdre pour certaines dans les profondes querelles ; elles organisaient des banquets d’anciens combattants, par arrondissement ou par canton avec défilé musique militaire remise de médailles, allocutions. Après la grande guerre, les morts de l’année terrible furent associés à ceux, nombreux, de ce nouveau conflit. Il est vrai que ces « premiers anciens combattants » disparurent très vite ; en 1916 déjà il ne restait en Corrèze qu’une centaine d’anciens vétérans. Les cérémonies du souvenir – dépôt de gerbe au monument et sur les tombes des soldats dans les cimetières – ne regroupaient plus dans les années vingt que quelques anciens soldats déplorant l’absence de leurs camarades. Le 11 novembre 1939 lors des cérémonies communes qui se tinrent à Limoges, il ne vint que trois Mobiles de 1870. Ils déposèrent une gerbe au ruban tricolore en hommage à leurs camarades tombés au front 69 ans auparavant, perdus dans un groupe que dominaient les drapeaux des anciens combattants de l’UNC. « Tête nue, d’un pas alerte (…) [l’un d’eux] déposa les fleurs du souvenir. Quelques passants, des dames, des enfants, sortant de l’école voisine s’approchèrent et assistèrent à ce bref moment de cérémonie du à l’initiative de bons vieillards écrit le journal local Le Populaire. Les bons vieillards d’une ancienne guerre étonnaient ; la mémoire de 1870 avait perdu une grande part de sa lisibilité.

Après la Seconde guerre mondiale, la guerre de 1870 passa, localement, de la mémoire à l’histoire. Mais elle resta cantonnée à l’histoire militaire. De nombreux héros firent l’objet de monographies et entrèrent dans ce grand cortège des militaires que le Limousin avait, de tous temps fourni à la France depuis les maréchaux Jourdan et Brune et l’incontournable Bugeaud.

 

Quelle place tiennent aujourd’hui les traces de la guerre de 1870 dans les mémoires des Limousins ? Exhortent-elles encore le passant à se souvenir ? On peut en douter ; « Le monument ou la plaque et surtout les inscriptions lapidaire sont l’interface entre les microsociétés qui les ont conçus et la population globale à laquelle ils s’adressent » rappelle à juste titre Annette Wieviorka[16] mais aujourd’hui les hommes qui les ont souhaités comme tel ont disparu depuis longtemps et seul le Souvenir Français assure la pérennité de l’entretien des principaux monuments et, à intervalles réguliers l’organisation de cérémonies. Cela donne à réfléchir ; il y a bien un pouvoir d’effacement du temps y compris d’effacement des outils même de la conservation de la mémoire. Les traces de 1870 en sont-elles au stade où elles nécessitent un cartouche explicatif à leurs pied, sont-elles en voie d’entrée dans le vaste ensemble patrimonial aujourd’hui objet d’histoire et non plus de mémoire ? On préférera parler comme Paul Ricœur de « mise en réserve »[17] du souvenir dans la mesure où l’oubli est avant tout ici la conséquence  d’une absence de remémoration, d’une sorte de défaut de rappel. Cette réflexion à peine ébauchée invite à s’interroger sur le devenir du « bâti mémoriel » quel qu’il soit dans les « déficit du travail de souvenir ». Que devient-il quand il n’entre pas dans le cadre d’un « passé actualisé » ?

Cette monumentalité en sommeil de la guerre de 1870 mériterait pourtant d’être tiré de l’oubli et de servie de base ne serait-ce qu’à une « leçon de civisme » sur l’engagement, les Mobiles furent d’une certaine façon les derniers volontaires en arme dans la grande tradition des armées de la Révolution française.

 

[1]     L’affaire qui conduit au conflit est celle de la succession d’Espagne. En novembre 1869, à la suite d’une révolution, le trône d’Espagne est vacant ; le gouvernement provisoire espagnol le propose au prince Léopold Hohenzollern, cousin du roi Guillaume de Prusse. La France, inquiète d’une présence allemande sur deux de ses flancs, demande à Guillaume Ier qui doit donner son consentement au prince de Hohenzollern de renoncer à cette candidature, ce que Guillaume Ier accepte le 9 juillet 1870, montrant ainsi une certaine bonne volonté. Les autorités françaises exigent cependant des garanties et demandent que le prince soit définitivement écarté. Dans la station thermale de Ems, au début de juillet 1870, l’ambassadeur de France, Benedetti, et le roi de Prusse discutent ce point jusqu’au 13 juillet, date à laquelle le roi refuse de s’engager au-delà du retrait actuel de la candidature du prince de Hohenzollern. Bismarck, agacé par ces échanges qui, par ailleurs, restent courtois, rédige alors le soir même un résumé de l’affaire sur un ton sec, cassant et provocateur, récit connu sous le nom de la dépêche d’Ems. Ce texte, tronqué, qui représente les prétentions des Français comme intolérables, est publié dans la presse allemande et adressé à toutes les cours d’Europe alors qu’il eut dû rester confidentiel. La France voit là une offense, voire un outrage. Réuni au château de Saint-Cloud, le Conseil des ministres propose de déclarer la guerre ; le Corps législatif en accepte le principe les 15 et 16 juillet et vote des crédits spéciaux à une quasi-unanimité. La déclaration est officielle le 19 juillet 1870 ; elle est remise à 13 heures à Berlin au ministre des Affaires étrangères prussien. Quelques heures plus tard, au Reichstag, Guillaume Ier prononce un « discours-appel » au peuple germanique.

 

[2] Roth François, La guerre de 1870, Paris, Fayard, 1990.

[3] Leymarie Camille, Le patriotisme limousin en 1870-71, Limoges, Imprimerie du Courrier du Centre, 1897

[4] Archives départementales de la Haute-Vienne, 2 R 177.

[5] Plantadis Johannes, Historique des bataillons de Mobiles de la Corrèze pendant la guerre de 1870-71, BSLSA de la Corrèze, Tulle, 1900, pp. 35-66.

[6] Sur le détail des opérations et pour vois une reproduction de ces toiles, voir PLAS Pascal, 1870-1871, Les Limousins et la guerre, Limoges, CRDP/ODAC, 2003, 71 p.. Ce petit ouvrage fait aussi référence au quotidien des compagnies de Francs-Tireurs au front, des ambulances dont la mémoire était importante à Limoges ainsi que des comités de soutien qui s’organisent à Limoges mais aussi à Paris ou vit une importante communauté limousine. L’ouvrage contient aussi une bibliographie nationale et locale, souvenirs, journaux personnels, rapports, récits, analyses ainsi qu’un état des sources dans les différents dépôts d’archives

[7] De Couronnel Cte, La garde mobile de la Haute-Vienne, Limoges, Imprimerie du Courrier du Centre, 1897, 194 p..

[8] Rapporté par Louis Guibert dans Limoges Illustré de décembre 1899.

[9] Ibid.

[10] Selon les observateurs informés du microcosme politique, la visite du ministre de la Bourse du travail résultait d’un rapport de force entre les syndicats et la municipalité Labussière, cette dernière ayant « profité » de cette occasion pour « pénétrer ainsi un peu plus profond dans le monde ouvrier » (Rapport de police, Série M). Les formations de droite protestèrent et il y eut également des tensions au sein des gauches : le cercle de l’avant-garde par exemple ne pardonnait pas à la municipalité de ne pas avoir ménagé une rencontre avec le ministre. (cf. dans Le Petit Centre une lettre signée Léon Neveu le 29 juillet 99). Il y eut aussi des distributions de tracts anarchistes : « Manifeste du journal du peuple contre les césariens ; Debout pour le bien-être et pour la liberté » etc.

[11] Jean Dutrech, Fêtes Limousines II, Lemouzi, 1900, 3e série, p. 137.

[12] Association des anciens élèves et des fonctionnaires du lycée de Limoges, Souvenir consacré aux anciens élèves morts dans la guerre de 1870-1871, Limoges, J.B. Chatras, s.d., 177 p. Cette brochure éditée au lendemain de la cérémonie d’inauguration de la plaque se trouvant dans le lycée constitue en elle-même un hommage dans la mesure où elle contient de nombreuses notices biographiques.

[13] Ibid.

[14] A.D.H.V., Série N, 4 N 133.

[15] Ibid.

[16] Serge Barcellini, Annette Wieviorka, Passant, souviens-toi !, Paris, Grapein, 1995, 523 p.

[17] Paul Ricoeur, « Passé, mémoire et oubli » in Histoire et mémoire, Grenoble, CRDP, coll. Documents, actes et rapports pour l’éducation, 1998, 99 p., p. 31-43.

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