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Pascal Plas, Les associations de victimes et d’ayants droit de victimes : le cas d’Oradour-sur-Glane

Les associations de victimes et d’ayants droit de victimes : le cas d’Oradour-sur-Glane

Pascal Plas, Directeur de l’Institut international de recherche sur la conflictualité (IiRCO), OMIJ, Université de Limoges

Au lendemain du drame d’Oradour[1], dans un grand désarroi tant l’incompréhension et la douleur furent vives, une Association nationale des familles des martyrs d’Oradour-sur-Glane se met en place, structure unique destinée à défendre les intérêts des ayants droit des victimes. La genèse de cette association spécifique dont l’importance n’a cessé de croître reste mal connue et ce malgré de nombreux travaux qui l’évoquent[2]. Il n’est donc pas inutile de revenir sur le processus de constitution de cette structure afin d’effectuer « un retour sur dossier » à même de l’ordonner et de le clarifier, ce à un moment où les associations de victimes qui se multiplient aujourd’hui tant dans les Balkans qu’en Afrique, en Amérique Latine ou aux USA, prennent contact avec Oradour pour comprendre comment les parents des victimes du massacre du 10 juin 1944 s’organisèrent au lendemain du drame et quel fut le rôle d’une des premières structures nationales de familles de victimes d’un crime de guerre[3].

Au lendemain du drame, règne à Oradour et dans les environs le plus grand désarroi ; le drame semble incompréhensible et les questions qui taraudent alors les esprits sont celles qui tournent autour du sens à donner à cet acte de massacre. On s’interroge toutefois sur le devenir des victimes, sur celui des familles sans déterminer exactement qui peut ou doit faire quelque chose et sur ce que l’on peut faire. Ces questions ne trouvent pas de réponse immédiate. Plusieurs structures porteuses de mémoire, de défense des intérêts des familles et de conservation de la mémoire du drame se mettent en place, chacune s’estimant légitime et à même d’être la mieux placée, surtout s’il y a une reconnaissance de l’État, pour parler au nom des victimes. Dès lors, on distingue un premier temps d’initiatives multiples et de chevauchement des structures.

I. Structures multiples et concurrence mémorielle

La situation initiale

Au lendemain du drame, la vie reprend lentement à Oradour ; Louis Moreau, un agent administratif cantonal – qui fut sous Vichy un temps délégué spécial de la commune voisine d’Oradour-sur-Vayres – est nommé par le préfet de la Haute-Vienne le 13 juin 1944 délégué spécial d’Oradour[4]. Ses services, bien modestes – il ne reste rien de l’ancienne mairie – sont installés dans une maison qui a été épargnée par l’incendie et qui est située aux abords immédiats du bourg. La commune conserve son autonomie même si elle est réorganisée : les hameaux sont rattachés aux communes voisines pour les actes de pure administration, état civil, ravitaillement, questions scolaires[5]. Quelques survivants sont restés, d’autres se sont rendus dans de la famille éloignée, quelques uns sont passés dans la Résistance, ainsi que des rescapés comme Robert Hébras, et il y a dans les villages, hameaux et fermes isolés, les parents des victimes mortes dans l’église et dans les granges. Sur les 1650 personnes dénombrées avant la guerre, plus d’un millier sont encore là.

Louis Moreau doit avant tout faire face à des problèmes très matériels : le déblaiement de la rue centrale afin de pouvoir à nouveau l’emprunter, l’installation d’une gare de tramway provisoire, la mise en place d’une liaison téléphonique avec Limoges, etc. Une grande attention est portée au cimetière communal où se retrouvent les familles des victimes dramatiquement effondrées en raison des difficultés d’identification des cadavres qui deviennent rapidement des impossibilités[6]. Le concept de « victimes collatérales », – les veuves, les mères dont les enfants sont morts – n’est pas pensé comme on le ferait aujourd’hui – soutien médical et aide psychologique – et il n’y a pas à proprement parler de prise en charge des proches, sinon en donnant la priorité aux recherches dans les décombres de très improbables indices d’identification des cadavres calcinés ou démembrés. « Chacun réagit selon son caractère, sa situation et son âge » dit pudiquement Robert Hébras[7]. Il est quelquefois fait référence à un « Comité local » pour cette première période sans que l’on sache ce que cette expression regroupe exactement, quel est son rôle exact et quelle est la mesure précise de son activité[8]. Peut-être s’agit-il d’un organisme très informel qui, en lien avec la mairie, participe à la gestion des dons en espèces et des aides en nature qui parviennent à Oradour, les membres des différentes familles étant alors considérées comme des sinistrés, une soixantaine d’habitants du bourg étant démunis de tout. Il est difficile de savoir.

Association officielle et prise en charge globale

Dans un second temps, de manière indépendante et sans avertissement aucun, émerge le 2 octobre 1944 une association massive qui comprend tous les représentants de l’État et des corps constitués, sous le patronage des églises : le Comité de conservation des ruines et de création d’un sanctuaire à Oradour-sur-Glane[9]. Il s’agit d’une structure « officielle » dans la mesure où elle a reçu très vite la reconnaissance des autorités politiques et administratives[10].

Le souci des ces dernières est alors la préservation des ruines et de la « gestion » d’un lieu de mort avant même qu’on ne parle d’un lieu de mémoire, entendu dans un premier temps plutôt au sens très actuel de scène de crime, dont on a besoin à des fins d’enquête et de preuves, dans un second temps comme un sanctuaire. Il s’agit alors d’éviter des déprédations, voire des vols dans la mesure où les maisons sont faciles d’accès car on continue à circuler à Oradour par la rue centrale. Aussi une des premières mesures du nouveau préfet de la Haute-Vienne à la Libération, Jean Chaintron, est de nommer le 21 septembre 1944, un conservateur des ruines, un médecin de Rochechouart, Pierre Masfrand qui est aussi un érudit local et qui travaille en étroite liaison avec le nouveau sous-préfet de Rochechouart, Guy Paucou, Oradour dépendant de Rochechouart. Très vite toutefois ce Comité de conservation des ruines dépasse sa mission première – prendre des mesures de conservation avant l’approche de l’hiver – pour présenter un véritable projet de perpétuation du souvenir et donner au village martyr une fonction mémorielle pédagogique. Le 21 octobre 1944, le Comité présente un programme étoffé de préservation des ruines au motif que « les sauvages tueries d’Oradour constituent sans aucun doute le crime le plus monstrueux de notre histoire » et qu’à ce titre, « elles symbolisent éloquemment l’atroce barbarie allemande »[11] ce pourquoi elles doivent « servir d’enseignement aux générations de l’avenir »[12]. Le classement des ruines comme monument historique est donc demandé et c’est là, avant même la visite du général de Gaulle, qu’est formulé l’objectif de conservation du bourg ruiné « dans l’état où il se trouvait au moment de la découverte du drame ». Ce point est complété par une proposition d’organisation de visites encadrées « par des gardiens [qui] accueilleraient les visiteurs à l’arrivée et les conduiraient par groupe à l’église, aux habitations, en particulier aux granges tragiques et enfin au cimetière en leur donnant toutes indications utiles »[13]. Ces visites seraient organisées avec « ordre et méthode » et un rituel de conduite serait proposé. Le Comité de conservation prévoit par ailleurs un « Musée du souvenir » qui regrouperait les objets récupérés dans les ruines et qui sont alors au séquestre de la permanence de police, ceux restant dans le village devant demeurer à la place exacte où ils se trouvaient. Ils symboliseront l’arrêt du temps. Quelques perspectives étonnantes complètent le tout comme celle d’une flamme et d’une fumée qui seraient mises en fonction deux fois par semaine au sommet du clocher de l’église.

Les familles de victimes ne sont pas plus considérées que précédemment d’autant que la mission première de cette structure est avant tout de prendre en charge les ruines du bourg. Cependant, du fait même que le Comité de conservation envisage la réunion des corps des victimes grâce à la construction d’un tombeau unique, les familles sont concernées au premier chef et un groupe distinct – les mères des enfants morts à Oradour – prend corps sous la forme d’un comité. Ces femmes éplorées ne savent alors où prier – les dépouilles des morts et disparus sont inhumées dans trois fosses communes séparées – et font état de leur indicible désespoir. Plusieurs d’entre elles viennent pratiquement tous les jours dans les ruines et au cimetière, amenant quelques fleurs et errant toutes vêtues de noir. Mais on ne sait exactement si ce Comité des mères, dont on ne retrouve la trace qu’à travers quelques ensembles épistolaires, est une structure de « réconfort mutuel » comme on en trouve aujourd’hui dans les Balkans, avec les associations de veuves par exemple, ou un simple organisme informel destiné à faire accélérer les choses.

L’Association des sinistrés et rescapés d’Oradour

À Oradour, on ne voit pas sans appréhension se développer ce « mastodonte » aux propositions bien arrêtées et qui estime parler « au nom des victimes ». Il est cependant incontournable dans la mesure où il a l’imprimatur de l’État et des organisations de résistance. Le maire d’Oradour en est membre ainsi que le curé de la paroisse ; ils ne peuvent que manifester leur « étonnement » devant l’ampleur du processus et demander une représentation plus importante pour éviter une possible dépossession. Leurs craintes augmentent lorsqu’ils apprennent la gestation une troisième organisation : le Comité du Souvenir d’Oradour-sur-Glane, en projet déjà le 2 octobre 1944, c’est-à-dire au moment où se met en place le Comité de conservation des ruines mais qui annonce son assemblée générale constitutive pour le 29 octobre 1944.

À la mi septembre 1944, un petit groupe d’habitants de la commune d’Oradour a rédigé les statuts d’une association afin de les soumettre au préfet. L’intitulé retenu pour cette structure éminemment locale est celui d’« Association des sinistrés et rescapés d’Oradour-sur-Glane »[14]. On ne sait quand se fait exactement la déclaration en préfecture mais l’affaire traîne en longueur, l’association n’est enregistrée que le 26 octobre et la parution au Journal officiel date du 15 novembre 1944.

L’objet de l’Association des sinistrés paraît simple – il est du moins présenté comme tel – « défendre les intérêts matériels et moraux des adhérents »[15] mais en réalité les Statuts, plus détaillés, fixent six objectifs : « renseigner les adhérents sur les droits qui leurs sont reconnus par les lois sur la reconstruction, les guider dans l’établissement des dossiers dont le dépôt leur sera demandé par les administrations compétentes, établir une liaison entre eux et les services publics compétents, envisager en accord avec les lois en vigueur, l’aménagement et la reconstruction des immeubles sinistrés, faire participer les adhérents au bénéfice des secours susceptibles d’être accordés par les pouvoirs publics ou les œuvres sociales, venir en aide aux membres de l’association par toutes les voies légales et défendre leurs intérêts dans le cadre des textes législatifs en vigueur ». On le voit, la prise en compte des intérêts des familles des victimes dans le cadre de la reconstruction d’un nouveau bourg à côté des ruines est désormais essentielle pour l’association ; envisagée dès juillet 1944, elle est sur le point d’être effective par une décision du Gouvernement que l’on attend alors sous peu et qui sera prise définitivement le 28 novembre 1944. Des enjeux non formulés entrent aussi en ligne de compte. Il s’agit par exemple d’éviter une dérive vers une notabilisation du portage de mémoire et des intérêts des familles de victimes, le Comité de conservation est dirigé par un sous-préfet et un médecin ; il s’agit aussi de parer à une autre dérive, celle d’une « déloca­lisation » de la prise en charge du dossier, le Comité de conservation est domicilié à Confolens et piloté en partie depuis la sous-préfecture de Rochechouart.

La nouvelle Association des sinistrés et rescapés a pour président Hubert Désourteaux qui vit à Oradour dans la ferme familiale à coté du bourg et cela fait toute la différence. Il est par ailleurs un des survivants, point crucial pour l’Association[16]. En plus du président, l’association a deux vice-présidents : Léonard Gourceau et Jeanne Deglane, un secrétaire Robert Besson, un secrétaire adjoint Henri Vevaud, un trésorier Armand Senon et un trésorier adjoint Raynaud ; tous habitent en périphérie d’Oradour : Les Bordes, Mas du Puy, La Prade, etc.

La nouvelle association ne peut toutefois se couper totalement du Comité de conservation officiel et elle y est représentée par son président, assisté du secrétaire général et d’un autre membre du bureau ce qui s’avère judicieux au moment où se met en place une troisième organisation, un Comité du souvenir dont il est question depuis le 2 octobre déjà et dont on annonce l’assemblée générale constitutive pour le 29 avec à sa tête le rejeton d’une vieille famille noble puis bourgeoise qui est loin de faire l’unanimité à Oradour.

Le Comité du souvenir d’Oradour-sur-Glane

Il s’agit d’un curieux ensemble très structuré installé à Limoges mais avec une délégation parisienne, mis en œuvre par un personnage qui ne manque pas de relief, un sieur Frugier-Lavérine, qui déclare avoir perdu dans le massacre « plus de 20 membres de [sa] famille qui était une des plus anciennes d’Oradour puisqu’au xvième siècle elle y résidait », laquelle famille « a toujours fourni à la France de bons serviteurs […] Jean de Lavérine, syndic perpétuel de la paroisse en 1775 […] il fut le premier maire d’Oradour en 1792 […] Gabriel de Lavérine qui était en 1809 chirurgien en chef des armées d’Italie […] maire d’Oradour de 1821 à 1846 »[17]. Ce Comité du souvenir est une des formes les plus élaborées de défense des intérêts des familles de victimes et mérite attention.

En dehors du Comité directeur présidé par Georges Frugier-Lavérine[18], il comprend un ensemble de commissions articulées : une Commission de commémoration du souvenir chargée d’organiser les cérémonies de l’anniversaire et « toutes les manifestations tenant à perpétrer à travers les générations futures la mémoire [des] morts » qui devra aussi s’occuper de l’érection d’un monument[19] ; une Commission d’information et de diffusion qui gèrera les relations avec la presse, la radio et organisera un cycle de conférences, cela permettra le « contrôle des informations tendancieuses et celles qui sont une source de profit »[20]. Une Commission d’entraide et de solidarité doit apporter « un secours moral et matériel et rescapés et aux sinistrés » en veillant à ce qu’il y ait une « répartition équitable des secours »[21]. La Commission juridique, « composée d’hommes de loi susceptibles de donner des renseignements sur les droits de chacun, dommages de guerre, règlement de succession » et une commission financière qui centralise les fonds de secours complètent le dispositif[22].

Mais ce Comité n’est pas accepté par la préfecture à laquelle il demande son soutien ; le préfet lui conseille de fusionner avec le Comité de conservation dans la mesure où ce dernier est le comité officiel[23]. Un participant à l’assemblée générale de constitution – manifestement lié à l’une ou l’autre des structures existantes ou en genèse – ne manque pas de formuler aussi des réserves sur cette nouvelle création. Il s’étonne de ce qu’il n’ait pas été fait mention de l’existence des « comités existants » et émet le vœu d’une « union nécessaire » avant de céder finalement devant la puissance de l’organisme et d’exiger le vote d’une motion spécifique : « Les familles des victimes du 10 juin 44, réunies à Limoges […] l’esprit tendu vers leurs martyrs et décidées à défendre leur mémoire dans le respect et le recueillement, demandent aux pouvoirs publics : 1) Que la circulation dans Oradour-sur-Glane soit codifiée dans sa forme comme dans sa vitesse limite 2) Que tout cortège ou pèlerinage soit l’objet d’une autorisation préalable, qu’à tous moments ces dits cortèges ou pèlerinages se montrent recueillis et silencieux 3) Qu’il y ait interdiction absolue de toutes manifestations quelles qu’elles soient et sous quelque forme qu’elles puissent paraître […] [que] les allocutions politiques ou de toute autre nature soient interdites »[24].

À la fin octobre 1944, il existe donc trois associations se rapportant aux victimes et à leur mémoire, l’une officielle et sûre de son fait, la seconde officieuse mais escomptant une reconnaissance officielle par le ministère des Beaux-Arts – un inspecteur des Monuments historiques est en route pour apprécier la situation et le jeu est encore ouvert[25] – et l’Association des sinistrés, modeste et très centrée sur Oradour, est irritée par le développement des précédentes et attend avec impatience son enregistrement.

L’existence de trois organismes distincts inquiète la préfecture de Limoges qui sent monter les tensions et prend, en décembre 1944, la décision de faire fusionner les structures autonomes de celle qu’elle a parrainée en premier. La situation est d’autant plus préoccupante que le « portage de mémoire » et la défense des intérêts des familles se fragmentent à nouveau lors de la mise en place d’une nouvelle structure, corporative cette fois, liée à l’Inspection académique de la Haute-Vienne. Celle-ci envisage de créer un « Comité du souvenir des membres de l’enseignement massacrés par les Allemands à Oradour-sur-Glane »[26]. Le maire d’Oradour à qui la présidence a été proposée refuse de cautionner cette initiative, mais le Comité n’en semble pas moins avoir eu un début de fonctionnement puisqu’il lança une souscription pour l’achat d’une plaque commémorative à apposer à l’emplacement de l’école détruite. Ce nouveau Comité du souvenir posait un nouveau problème auquel l’Association des sinistrés et rescapés était particulièrement sensible, celui de la dissociation des victimes, dont elle ne voulait à aucun prix[27].

II. Fusion et réorganisation

Le 12 décembre 1944, le Commissaire régional de la République – préfet de région à la Libération – convoque les responsables de l’Association des sinistrés et rescapés d’Oradour et ceux du Comité du souvenir et leur enjoint de fusionner[28]. Au même moment, pour simplifier la situation, le Comité de conservation des ruines change d’appellation et devient Comité du souvenir, nom déjà utilisé par la structure Frugier-Lavérine dont on voit bien qu’elle gêne[29]. La fusion est plus que jamais à l’ordre du jour dans la mesure où, en janvier 1945, le Conseil des ministres désirant faire du village martyr un lieu de pèlerinage national, prend, sur proposition du ministre de l’Education nationale, une décision de classement de l’église parmi les monuments historiques « dans l’état dans lequel où elle se trouvait après l’incendie » ajoutant qu’elle pourrait être transformée en « Temple du Souvenir »[30], les ruines du village sont classées, elles, parmi les sites historiques. Ces nouvelles dispositions impliquent des transferts d’argent vers un organisme porteur chargé de la gestion de la conservation, il ne peut s’agir, en l’état du dossier à l’hiver 1945, que du Comité de conservation – seule structure officielle habilitée à l’entretien des ruines[31] – que l’État par le truchement du ministère de l’Intérieur s’empresse de désigner officiellement, l’extrayant ainsi de la simple reconnaissance préfectorale même effectuée au nom de l’État[32].

Le 20 janvier 1945, après que des contacts ont été établis entre les deux structures appelées à se réunir, une réunion de constitution d’une association unique est organisée à Rochechouart sous la présidence du sous-préfet qui est aussi le président du nouveau Comité du souvenir, soit de la troisième structure, officielle, de laquelle on n’exige aucune fusion… Un projet de bureau unique est élaboré ainsi qu’une modification des statuts des deux associations pour n’en faire plus qu’un[33]. Le processus de réunion en un organisme unique traîne en longueur mais il est réactivé par l’annonce en février 1945 de la venue du général de Gaulle dans la région de Limoges et d’une visite de ce dernier à Oradour le 5 mars 1945. La visite du général a un impact certain sur la fusion dans la mesure où elle modifie singulièrement les perspectives d’action d’une association de défense des intérêts des familles de victimes. Le général, accompagné d’Adrien Tixier, ministre de l’Intérieur et de Robert Lacoste, ministre de la Production se fait présenter les rescapés du massacre et dépose une plaque portant la mention « À Oradour, témoin de la barbarie allemande ». Il valide le principe de la construction d’un nouveau village[34] et la conservation des ruines en l’état pour en faire un monument national symbolique – celui du rassemblement de la nation divisée et donc de l’unité nationale, « Oradour est le symbole de ce qui est arrivé à la patrie elle-même »[35] – le général transforme ce modeste bourg en un haut lieu de la commémoration des « horreurs nazies »[36]. La prise en charge des intérêts des familles devient beaucoup plus complexe pour quelque association que ce soit et elle est dès lors associée à un véritable challenge : la gestion de l’inscription de la mémoire locale dans la mémoire nationale.

Pour faire face à ces nouveaux défis la fusion s’accélère ; les 10 et 11 mars 1945 se tient sous la présidence du sous-préfet de Rochechouart et en présence du maire d’Oradour, l’assemblée générale constitutive de l’Association nationale des familles des Martyrs d’Oradour, nouvelle appellation des deux structures réunies[37]. On procède à la discussion des nouveaux statuts élaborés à partir de ceux de l’ex-Comité de conservation revus et corrigés. Le débat est vif sur un certain nombre de points en particulier le lieu du siège administratif et la qualité de membre de l’association, toutes questions qui trouvent cependant un règlement à l’amiable. Le point essentiel est en effet la constitution d’un Conseil d’administration qui doit élire en son sein un bureau. Ce conseil est composé de 24 membres, 12 étant réservés aux « sinistrés matériels », 12 aux « sinistrés moraux ». L’ex-Comité du souvenir n’obtient que 8 des 24 sièges, les 16 autres allant à l’Association qui en réserve 8 aux « sinistrés moraux » et 8 aux « sinistrés matériels ». L’élection du bureau se fait dans la foulée ; dans la mesure où l’ANFM naissait de la fusion de deux groupements, il avait été un moment question qu’elle ait une double présidence à sa tête, mais finalement on opta pour une seule présidence et deux vice-présidences. La première revint à Jean Brouillaud qui venait de l’Association d’Oradour, une des secondes fut attribuée à Frugier-Lavérine du Comité qui avait ainsi perdu la partie[38].

Il restait désormais deux structures mais de nature différentes, l’une plutôt centrée sur les familles des victimes, l’autre sur la question des ruines ; toutefois un point d’achoppement subsistait, celui de la gestion de la mémoire des morts.

L’ANFMOG était représentée au Comité mais elle n’avait de cesse de montrer qu’elle était seule légitime pour parler au nom des victimes et en structurer la mémoire. Cette position était partagée par la nouvelle municipalité communiste issue des urnes en avril 1945 – premières élections municipales libres – qui estimait que l’ANFMOG devait exercer un poids prépondérant. Fin avril 1945, celle-ci demanda donc qu’un nouvel équilibre soit établi au sein du Comité du souvenir et exigea une représentation plus forte ; elle l’obtint lorsque 9 membres de son propre bureau furent appelés à sièger au Comité, auxquels s’ajoutaient le nouveau maire de la commune, Aimé Faugeras et l’ancien maire Louis Moreau, le curé desservant et le délégué au service de la diffusion de l’Association soit, au total, une représentation de 13 membres. Le Comité du souvenir la reconnaissait alors comme « le seul groupement reconnu officiellement [pour représenter] les familles et [le seul] habilité à défendre leurs droits moraux et matériels » et soulignait que « par sa large représentativité [elle] assure la liaison nécessaire entre les familles et les pouvoirs publics »[39]. Ce qui n’était qu’officiellement proclamé devint peu à peu réalité.

Le Comité du souvenir s’effaça progressivement, il fonctionna encore dans le restant de l’année 1945 et au printemps 1946[40] puis il s’étiola peu à peu, il est vrai qu’entre temps la direction des opérations – gestion des ruines et dossier de la reconstruction – était prise directement en charge par l’État qui n’avait plus besoin d’une telle structure. Mais avant de s’effacer, il légua cependant à l’Association des familles deux choses : un récit du massacre qui devint le livre officiel de l’association, ouvrage élaboré sous la direction de Pierre Masfrand et Guy Pauchou : Oradour vision d’épouvante ainsi qu’un process de commémoration, celui énoncé dans ses premiers projets. Le récit se voulait le plus objectif possible et comprenait pour cela de nombreux documents originaux, il fut sans cesse réédité par la suite.

Dans le cas particulier d’Oradour, la représentation directe des familles des victimes, épaulée par la mairie a triomphé des différentes représentations ayant émergées après la guerre. Ce processus évite le fractionnement de la mémoire par catégorie de victimes et la dépossession, risque considéré alors comme essentiel d’un portage des intérêts des familles par des organismes en partie extérieurs au monde local. Mais cela se fait au prix de non-dits ; l’Association représente alors en priorité des familles locales, celles qui ne sont pas d’Oradour, qui vont reconstruire leur vie ailleurs et ne revenir que beaucoup plus tard, les familles des enfants mosellans, celles des alsaciens victimes, celles des juifs morts dans le massacre ou des espagnols peuvent certes se retrouver dans l’organisation[41] mais il est plus facile pour elles de se reconnaître dans les commémorations que dans la prise en charge des problèmes matériels des ayants droit des victimes locales. Il n’y a guère pourtant par la suite de ruptures à cette forme unique de portage de la voix des familles ; une « association de familles » domiciliée à Cieux à proximité d’Oradour voit le jour à une date indéterminée sans que l’on puisse dire si elle correspond à une scission de l’Association officielle ou à une création spécifique pour des raisons qui nous échappent, on ne possède pour l’instant qu’un papier à entête de cette structure. L’Association en fait, en sa forme initiale, correspondait aux souhaits des familles locales : la dignité des commémorations, du processus spécial de la conservation des ruines par les monuments historiques, ce qui fait qu’on ne va pas les visiter comme un simple château fort mais plutôt comme un cimetière et un lieu de pèlerinage, la demande unanime de voir un jour juger les bourreaux et d’avoir des réponses à la lancinante question du pourquoi Oradour et le règlement de toutes les questions matérielles liées aux indemnisations, à la reconstruction et au relogement. Les victimes collatérales, celles traumatisées par la perte des leurs, se fondent dans cette lourde mécanique de représentation et s’effacent derrière des enjeux qui les dépassent ; aujourd’hui encore on ne sait que peu de choses de ces mères, de ces sœurs, qui venaient au cimetière, seul espace public et privé de retrouvailles en dehors des cérémonies commémoratives, où l’on pouvait s’épauler et tenter de se reconstruire hors de tous ces débats d’une autre dimension. De quoi parlait-on là tous les jours, dans le chez-soi des morts, à proximité des ruines, grand « monument » voisin de mémoire aux enjeux si complexes ?


[1] Le 10 juin 1944, à Oradour-sur-Glane, bourg important situé à une vingtaine de kilomètres de la ville de Limoges, à laquelle elle était liée par une ligne de tramways, une unité militarisée de la division Waffen SS Das Reich – la troisième compagnie du Bataillon I du régiment 4 Der Führer – massacre en un après-midi 642 personnes, 205 hommes, 244 femmes, 193 enfants et, à l’issue d’un pillage systématique, incendie les bâtiments et les cadavres des victimes. Les troupes SS appliquent à Oradour des méthodes de guerre utilisées sur le front de l’est dont les étapes sont très organisées : arrivée des soldats à l’improviste, encerclement, rassemblement de la population en utilisant soit la persuasion soit la violence dans un espace central (la place en général), séparation des hommes et des femmes, exécution des premiers dans des lieux clos (garages, granges) précédemment repérés, massacre des secondes et des enfants dans l’église, pillage puis incendie et élimination systématique des cadavres par le feu et par des fosses communes rendant toute identification impossible ainsi que, par le suite, le deuil des familles.

[2] Voir, par exemple, l’ouvrage pionnier de Sarah Farmer, Oradour : arrêt sur mémoire, Paris, Calman-Lévy, 1994, 283 p., qui juxtapose un certain nombre de structures en établissant des fusions erronées : le Comité du souvenir n’est en rien la résultante de la réunion du Comité provisoire pour le sauvetage des ruines et du comité Frugier-Lavérine, cf. pp. 78 et 79.

[3] Le massacre d’Oradour est un crime de guerre, tel que défini par le Tribunal militaire de Nuremberg (18 octobre 1945 – 1er octobre 1946). Il a d’ailleurs été évoqué à Nuremberg lors de la remise du Rapport du Service des crimes de guerre ennemis en France qui avait été chargé de recenser ceux-ci.

[4] Il occupe en fait les fonctions de maire dans le cadre du remplacement de la délégation spéciale précédente.

[5] Arrêté du préfet de la Haute-Vienne, 8 juillet 1944, Archives départementales de la Haute-Vienne, 900 W 3035.

[6] Seulement 52 actes de décès ont pu être établis pour des victimes identifiées ; un jugement du Tribunal de première instance de Rochechouart, rendu le 10 juillet 1945, tient lieu d’acte de décès pour 585 personnes non identifiées, complété par une série de jugements de même nature allant du 28 mai 1946 au 22 mars 1962 et concernant 7 inconnus.

[7] André Desourteaux, Robert Hébras, Oradour-sur-Glane, Notre village assassiné, Montreuil-Belay, CMD, 1998, 224 p. La création d’une association de victimes n’était pas la préoccupation des familles qui étaient occupées par leur deuil et tenues par l’espoir de voir les responsables de cette tuerie capturés et punis.

[8] L’existence de ce comité est évoquée par un sieur Puyjoubert, lors de l’assemblée générale constitutive du Comité du souvenir d’Oradour-sur-Glane, mais il peut s’agir d’une autre désignation de l’association des sinistrés dont les statuts ont déjà été élaborés. Procès verbal de l’assemblée générale du 29 octobre 1944 du Comité du souvenir, Centre de documentation du Centre de la mémoire.

[9] C’est à la date du 2 octobre qu’est signalée pour la première fois cette association dans un courrier du maire de la commune d’Oradour-sur-Glane au préfet de la Haute-Vienne.

[10] Reconnaissance du commissaire de la République, Pierre Boursicot, dès le 5 octobre 1944 sous couvert du ministre de l’Intérieur Adrien Tixier, originaire de la Haute-Vienne et très présent à Limoges où il brigue un poste de conseiller général et, à terme, la présidence du Conseil général du département. Sont membres de l’organe directeur du Comité différents « représentants » de l’Eglise catholique, des mouvements de résistance, des Monuments historiques, des municipalités de Confolens et Oradour.

[11] Compte-rendu de la séance du 21 octobre 1944 du Comité du souvenir, Rochechouart, Imprimerie Justin Dupanier.

[12] Ibid.

[13] Ibid.

[14] Les statuts de l’association sont datés du 16 septembre 1944, correction manuscrite d’une date dactylographiée qui semble être la même, Centre de documentation du Centre de la Mémoire d’Oradour.

[15] Formule telle que parue au JO.

[16] Prisonnier de guerre évadé devenu méfiant, il ne s’est par rendu au rassemblement sur la place du bourg ; restant dans le hangar qui abritait un lot de voitures qu’il venait d’acquérir aux Domaines avec le couple Raynaud, bâtiment à l’écart, puis se dissimulant dans la végétation alentours, il échappe au massacre. Il est par ailleurs le fils de l’ancien maire.

[17] Lettre de M. Frugier-Lavérine à M. le Commissaire de la République, Archives départementales de la Haute-Vienne, 186 W 1 130. Ce courrier était destiné à proposer (et à obtenir) que le commissaire de la République figure dans le comité d’honneur de l’association alors en constitution et dont les membres espéraient qu’il serait présidé par le général de Gaulle.

[18] Le Comité directeur dispose de deux vice-présidents, Jean Paillier, ingénieur SNCF et délégué de la région parisienne et le médecin-colonel Bergeron, directeur du Service de santé, d’un secrétaire général – Me Laurence – d’un trésorier général Jean Brouillaud, etc. Comité du souvenir d’Oradour-sur-Glane, Procès verbal de l’Assemblée générale du 29 octobre 1944 à la salle des fêtes de la Maison du Peuple, Centre de documentation du Centre de la Mémoire d’Oradour.

[19] Comité du souvenir d’Oradour-sur-Glane, Procès verbal de l’Assemblée générale du 29 octobre 1944 à la salle des fêtes de la Maison du Peuple, Centre de documentation du Centre de la Mémoire d’Oradour. Cette commission était présidée par le docteur René Rouby.

[20] Ibid., elle est présidée par le journaliste Pierre Poitevin qui fournit un des premiers ouvrages sur le drame d’Oradour, Dans l’enfer d’Oradour, Le plus monstrueux crime de la guerre, Limoges, Imprimerie Société des journaux et publications du centre, 1944, 219 p. ; cf. sur Pierre Poitevin et ses travaux : Pascal Plas, « Pierre Poitevin, journaliste d’investigation », Histoire et Mémoires, Conflits contemporains, Limoges, L. Souny, n° 1, 2008.

[21] Ibid., elle est présidée par la présidente de la délégation parisienne de l’association, une dame Guionnet.

[22] Ibid., la seconde n’a pas encore de président mais elle comprend le délégué de l’association locale d’Oradour, Puyjoubert ; la première a été extrêmement soignée sur les conseils même du docteur Chadourne, maire de Limoges à la Libération, qui accueille les participants à l’assemblée générale, elle comprend rien moins que le bâtonnier de l’Ordre des avocats, maître Pommaret, qui en assure la présidence, un autre avocat et un notaire professeur à l’école de droit de Limoges.

[23] Lettre du préfet du 24 octobre 1944 : « M., Vous avez bien voulu me faire part de votre intention de créer un Comité du souvenir d’Oradour-sur-Glane et me demander d’y figurer. Un Comité provisoire pour la sauvegarde des ruines et la création d’un sanctuaire ayant déjà été constitué, j’attire votre attention sur le fait qu’une unité de vue et d’efforts apparaît comme infiniment souhaitable dans l’intérêt même du but commun que vous poursuivez ». Arch. dép. Haute-Vienne, 186 W 1 130.

[24] Comité du souvenir d’Oradour-sur-Glane, Procès verbal de l’Assemblée générale du 29 octobre 1944 à la salle des fêtes de la Maison du Peuple, Centre de documentation du Centre de la Mémoire d’Oradour. Cette motion comprenait deux autres articles, l’un sur la nécessité du contrôle des publications se rapportant au drame et des profits qui pourraient en être tirés, l’autre exigeant l’arrestation et le châtiment des criminels sur le lieu même du massacre.

[25] C’est ce que laisse entrevoir Frugier-Lavérine lors de l’assemblée générale du 29 octobre en déclarant « quant au Comité de conservation des ruines de Confolens, son existence est subordonnée à l’approbation du ministère des Beaux-Arts. Ce ministère à en effet délégué un inspecteur régional, M. le comte de Chalupt, qui est chargé de constituer un Comité national de conservation des ruines dans lequel seront représentés à la fois le Comité actuel de Confolens et notre Comité du souvenir que nous voulons mettre sur pied ». Comité du souvenir d’Oradour-sur-Glane, Procès verbal, op. cit.

[26] Arch. dép. Haute-Vienne, 186 W 1 130.

[27] Il semble avoir disparu de son propre chef. Quel que fut son existence et son devenir, il n’accordait pas d’importance spécifique aux familles des victimes membres de l’enseignement, en tout cas rien dans sa courte existence ne le montre mais il est possible qu’il soit la résultante d’une demande des proches des morts qui craignaient de voir disparaître leur mémoire.

[28] Réunion mentionnée dans le procès verbal de l’Assemblée générale du 11 mars 1945 en vue de la ratification des deux groupements (l’Association des sinistrés et rescapés et le Comité du souvenir), il est précisé que les deux bureaux étaient présents et que lors de cette entrevue « ont été jetées les bases fondamentales d’une association unique dont la lecture ultérieure des statuts permettra de définir les grands principes ». Pièce d’archive non paginée, Centre de documentation du Centre de la mémoire d’Oradour.

[29] Procès-verbaux des séances du Comité actif de conservation des ruines et création d’un sanctuaire à Oradour-sur-Glane, Rochechouart, imprimerie Justin Dupanier, s.d. Le Comité estimait que ce long intitulé était trop « spécialisé » et ne rendait pas compte pour un large public de l’ensemble de ses activités.

[30] Communiqué paru dans l’ensemble de la presse locale : « Le Conseil des ministres, soucieux de faire du village martyr un lieu de pèlerinage national, vient de prendre sur proposition du ministre de l’Education nationale, les décisions suivante : 1) Classement parmi les monuments historiques de l’église, conservée dans l’état où elle se trouvait après l’incendie et transformation en « Temple du souvenir » ».

[31] Ibid., article 2) : « Classement du village parmi les sites historiques, ce qui entraine la possibilité d’attribuer une subvention au Comité de conservation pour l’aider à couvrir les frais d’entretien ».

[32] Ibid., article 3) : « Reconnaissance officielle par le ministère de l’Intérieur du Comité de conservation des ruines d’Oradour-sur-Glane et aide financière à ce Comité s’il y a lieu ».

[33] Procès-verbal de l’assemblée générale du 11 mars 1945, en fait ce sont les statuts d’une seule association qui servent de base aux statuts futurs de l’organisme unique : « Les modalités ont été étudiées [et] des additifs aux statuts déjà déposés de l’Association des sinistrés et rescapés ont été élaborés ». Centre de documentation du Centre de la mémoire d’Oradour.

[34] Immédiatement après la découverte du drame, la décision de conserver les ruines du village fut prise tant était grande l’horreur suscitée par de tels actes. La reconstruction du bourg fut envisagée sur un terrain situé à proximité des ruines et le Gouvernement provisoire de la République française établit, à la fin de l’année 1944, un programme de conservation des ruines. Le général de Gaulle, président du G.P.R.F. vint, le 4 mars 1945, consacrer le site comme lieu de mémoire « symbole des souffrances du peuple français au cours des quatre années d’occupation qu’il a subies ». Un projet de loi « relatif à la conservation des ruines… » fut voté sans débat par l’Assemblée nationale constituante le 3 avril 1946 et promulgué le 10 mai de la même année.

[35] Voir de larges extraits du discours du général de Gaulle transcrits d’un enregistrement radiophonique (Archives INA-Radio France) dans B. Malinvaud, P. Plas, op. cit.

[36] Ibid.

[37] L’association d’Oradour est représentée par ses deux vice-présidents, son secrétaire, le trésorier et son adjoint, celle de Limoges l’est par son président, le secrétaire, le trésorier et les secrétaires de commission.

[38] Procès-verbal de l’assemblée générale constitutive de l’association, Centre de documentation du Centre de la mémoire d’Oradour.

[39] Procès-verbaux du Comité du souvenir, année 1945, Centre de documentation du Centre de la mémoire.

[40] On dispose, regroupés en une petite brochure de l’ensemble des procès-verbaux de l’année 1945, s.l.n.d., 44 p. En 1946, le Comité du souvenir est encore mentionné lors de réunion de l’ANFMOG, il ne l’est plus au début de l’année 1948.

[41] Les Statuts de l’Association prévoient dans l’article 6 que « peuvent être membres actifs […] les personnes physiques ou morales ayant subi par acte de guerre des dommages mobiliers, immobiliers ou moraux sur le territoire de la commune d’Oradour et qui seront susceptibles de bénéficier des lois en vigueur ».

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