Restitution d’Atelier Théâtre – Michel Bruzat



Début:
27 juin 2017, 20 h 00 min


Catégories:


27 Juin 2017 à 20h

Théâtre de la Passerelle

Les étudiants de l’Atelier Théâtre, sous la direction de Michel Bruzat, se produiront sur les planches du Théâtre de la Passerelle pour jouer la pièce « Urgent Crier » d’André Benedetto.

 

« LA PAROLE, L’HUMAIN L’A DÉVELOPPÉE POUR CRÉER LA RELATION.

La parole nous réunit, nous apprend, elle engendre des émotions et parfois elle crée des bouleversements.

Dans un monde rempli de contrastes, où les voyoux en col blanc prennent la parole dans le but de désunir le peuple qui n’a, lui, rien à voir avec leurs fabulations mégalomanes, et où l’iranien, le coréen, le chinois ne prendra jamais la parole face à l’oppression,

NOUS AVONS DÉCIDÉ DE CRIER.

Parce qu’on s’est tu trop longtemps alors qu’on avait des choses à dire.

AU THÉÂTRE, ON NE JOUE PAS, ON EST.

C’est comme dans la vie de tous les jours.

Je me rappelle du regard de mon père quand je lui ai dit que je n’étais pas d’accord avec sa façon de penser au réveillon de Noël. Il a dû se dire : « Tiens ! Elle cause la petite ? ».

Et j’ai recroisé ce regard chez mon patron quand je lui ai dit que j’en avais marre de travailler comme une acharnée pour un SMIC.

Parle pour que l’humanité l’emporte face à l’ignorance.

Parle car tu es légitime pour le faire, même si toute ta vie on t’a dit le contraire.

PLEURE SI TU ES INDIGNÉ !

HURLE SI TU ES EFFRONTÉ !

MAIS NE FAIS PAS SEMBLANT ! »

Lucile

 

« LA PEUR.

CETTE PEUR QUI NOUS PARALYSE, NOUS BLOQUE, NOUS ANGOISSE.

LA PEUR DE NE PAS ÊTRE À LA HAUTEUR, DE NE PAS ÊTRE BON, D’ÊTRE JUGÉ.

ON L’A TOUS CONNUE AU MOINS UNE FOIS DANS NOTRE VIE, et même constamment pour certaines personnes. C’est cette peur que nous avons essayée de faire disparaître dans notre atelier théâtre avec l’aide de Michel. Car cette peur nous empêche de parler avec nos émotions, de nous livrer, en somme de nous montrer tels que nous sommes réellement.

BIEN SÛR, CE N’EST PAS FACILE DE SE MONTRER DANS TOUTE SON HUMANITÉ, mais aussi sa fragilité. Je dirais même que c’est parfois terrifiant. Mais personnellement, même si cette fragilité m’effraie parfois, je la trouve aussi très attrayante. Cette fragilité, cette intériorité nous permet de

vivre des moments et des émotions très fortes, des moments qui nous font vibrer, qui nous marquent, des moments dont on ne ressort pas indemne. Pour ma part, vivre ses moments et ses émotions reste ma plus grande source de motivation. Mais pour atteindre cette intériorité et ses émotions, il nous faut composer avec notre peur. Or, on cherche souvent à la masquer, à la fuir.

Mais finalement, c’est peut-être mieux de l’accepter, de l’assumer et pourquoi pas d’essayer de la transformer en joie, une joie simple et sincère, celle d’être ici avec vous.

LE 28 MARS, JE SERAI EN FACE DE VOUS AVEC MES CAMARADES dans ce grand amphithéâtre et il y aura probablement de la peur au fond de moi. Mais ce n’est pas grave. J’essaierai quand même de prendre des risques, de sortir de mes habitudes, de sortir du texte appris pour paraphraser Michel. J’échouerai peut être mais, au moins, j’aurai pris un risque. Après tout, on sera aussi sur scène pour prendre des risques avec le secret espoir de partager un moment fort avec vous. »

Sébastien

 

« Chaque lundi à 19h, nous avons rendez-vous avec l’atelier théâtre de la Faculté sous la direction de Michel Bruzat, notre professeur. Personnellement, c’est à chaque fois un vrai plaisir de retrouver tous mes camarades pour une séance ludique et récréative qui constitue une sorte de bouffée d’oxygène dans notre semaine.

Cependant, même si nous sommes très heureux de nous réunir tous les lundis soirs dans une rencontre placée sous le signe de la détente, du plaisir et du jeu, il ne faut pas croire que nous ne travaillons pas, bien au contraire. Le texte « Urgent Crier » d’André Benedetto n’est pas un texte facilement accessible mais Michel sait nous mettre dans les conditions propices afin que nous puissions dire le texte et en révéler toute la saveur avec des mots qui nous sont propres. C’est comme un plat que nous cuisinons tous ensemble et dont nous rajoutons les ingrédients au fur et à mesure de la cuisson afin que sa dégustation en soit la plus délicieuse possible. Michel en est simplement le brillant chef d’orchestre. A chaque séance, j’ai véritablement le sentiment d’appartenir à un groupe, de vivre une expérience collective qui me dépasse, qui me remplit en tant qu’être humain et qui me permet d’avancer dans ma vie quotidienne. Faire du théâtre est l’un des meilleurs choix que j’ai pu faire. Mais ici, nous ne faisons pas de théâtre. Nous apprenons simplement à veiller les uns sur les autres, à tisser des liens qui nous font grandir, à rejeter la peur et la haine au profit de l’amour et du respect de l’autre, à révéler l’expression la plus intime de notre être sans crainte d’être jugé, à accepter nos différences et à les transcender pour en faire une force collective et à respirer ensemble. Faire le choix de suivre les cours avec Michel, c’est accepter de se reconnecter avec soi-même et avec les autres, c’est faire des erreurs et en tirer des leçons pour progresser, c’est vivre un cours atypique où la liberté de chacun est valorisée, c’est reconnaître ses talents et ceux des autres pour qu’ensemble nous construisions collectivement quelque chose qui n’a d’égal que notre imagination. Je tiens à remercier tous mes camarades de l’atelier théâtre ainsi que Michel notre professeur pour les merveilleux moments que nous passons ensemble. Enfin, j’espère très sincèrement que cette rencontre sera pour vous toute aussi agréable que le plaisir que nous prenons à être devant vous ce soir. Amusez-vous bien ! »

Jean-Raphaël

 

« THEATRON » EN GREC, C’EST LE LIEU « OÙ L’ON VOIT ».

Les grecs ont fait du théâtre le lieu d’élaboration de la démocratie, et les romains un lieu de divertissement

– divertir : action de détourner – au grand regret du poète Juvenal qui se plaint que

« Maintenant dans un honteux repos, nous n’aspirons qu’après deux choses, du pain et des jeux. »

(Satires, X, 81).

AINSI, LE THÉÂTRE PEUT ÊTRE CE QUI MET EN ÉVEIL, À L’ÉCOUTE,

OU, BIEN AU CONTRAIRE, CE QUI DÉTOURNE L’ATTENTION.

N’est-ce pas là une question hautement politique ? Comment s’en emparer ?

A l’heure où, chez nous, des enfants réfugiés en quittant l’école s’entassent dans une voiture pour y passer la nuit ? A l’heure où les projets politiques entrent en collision-collusion, où la misère devient délictueuse ?

A l’heure où la division refoule aux confins des utopies le partage, la solidarité ?

Quoi choisir demande André Benedetto ?

Choisissons de voir cet invisible* qui se révèle avec le théâtre. Prenons avec nous cette parole qui est celle du poète mais aussi celle que nous voulons dire avec notre ventre, notre histoire et notre souci de demain.

METTONS-NOUS EN ALERTE.

ENTENDONS LES CRIS.

*Voir JC Lallias : Le théâtre, présence de l’invisible.

Nota bene : Poétique et politique sont semblables : tous deux peuvent transformer les institutions … »

Sandrine

 

« Urgent Crier.

  1. Benedetto est un cri – jamais lassé de dire l’insupportable, l’injuste, l’inique, l’inhumain, le décevant. Jamais lassé de dire l’utile, le beau. Une poésie intime d’alcool fort. Le cri est ce qui manque le plus aujourd’hui. Le cri profond. Le cri de la tête et des entrailles. Le cri du loup qui n’est pas le chien dont on a limé les dents.

Alors mes camarades, « je crois que pour sauver le théâtre, il faut sortir du théâtre » (Copeau).

Alors fréquentons les audacieux de la pensée, autrement nous aurions des retards d’avenir, nous serions inaccomplis. L’heure est pleine à chaque minute de possibilités non réalisées. On peut se retrouver une tête au-dessus de nous-mêmes. On n’éclaire pas sans brûler. Alors nous n’allons pas faire demi-tour.

Nos habitudes ne sont que des façons de lutter contre la peur, alors que tu es plein à chaque minute de possibilités non réalisées. Alors éliminons le mensonge, le faux, le semblant, la convention. L’art peut servir de détonateur, être l’étincelle qui met le feu aux poudres. Ensuite, c’est à nous de tout faire pour entretenir ce feu, cette colère et la transformer en un mouvement global qui mènera à un changement radical, en profondeur, de notre société toute entière.

Merci. Avec vous.

« Il est grand temps de rallumer les étoiles » (Apollinaire).

Soyons des insurgés. Ce dont on ne peut parler, il faut en parler.

« Crier, c’est toujours parler de l’enfance » (Genet).

« Quand je parle d’une école, il ne faut pas se méprendre, j’entends une école de la vie dont les méthodes ne s’emploient qu’à délivrer la personnalité » (Copeau). »

Michel



88 rue du Pont Saint Martial
87000 Limoges
Tél. +33 (5) 05 55 14 92 53
université ouverte 
source de réussites